Les microbes squattent aussi les pierres précieuses
Pour la première fois, des biologistes ont découvert que des micro-organismes dit « endolithes » pouvaient vivre à l'intérieur des pierres précieuses.
On se croirait dans un livre pour enfants : des scientifiques ont découvert que des micro-organismes avaient créé et fréquenté des « habitations » dans des pierres précieuses.
Cette découverte est détaillée dans un article publié au début du mois d’août par la revue PLOS ONE. Son auteur principal, Magnus Ivarsson, rappelle dans un mail à Motherboard que c’est la première fois que des traces de vie ont été repérées dans des pierres précieuses, particulièrement du grenat de qualité gemme.
« En temps normal, les microbes colonisent des minéraux moins durs que les pierres précieuses », explique le biologiste à l’université du Danemark du Sud.
Les gemmes de l’étude, prélevées dans le sol et dans des sédiments fluviaux en Thaïlande, présentent des réseaux de tunnels. Jusqu’alors, ces formations étaient attribuées à des forces non-biologiques, tout spécialement à un processus d’altération climatique associé aux lits des rivières.
En observant les pierres précieuses à l’aide de microscopes et de spectromètres, Ivarsson et ses collègues ont découvert que les tunnels contenaient des traces d’acides gras probablement issus d’organismes microscopiques.
La complexité du réseau de tunnels, qui comprend des « raccourcis » d’un canal à l’autre, suggère qu’il a été développé au moins en partie par un genre d' endolithe. Ce groupe de micro-organismes est connu pour vivre dans des matériaux durs comme la roche, les os, les coquilles et autres carapaces. Les scientifiques indiquent néanmoins que l’altération climatique a peut-être creusé une partie des tunnels.
Les endolithes sont souvent capables de survivre dans des conditions inhospitalières en consommant des minéraux comme le fer, le potassium et le souffre. Les dépôts de fer des pierres précieuses ont-elles nourri leurs habitants ? Impossible d’en décider sans observation in situ, avertit Ivarsson.
« Il faudrait que nous retournions là-bas pour trouver de l’ADN/ARN et isoler des endolithes que nous cultiverons en vu d’expériences en laboratoire, explique le biologiste. Nous avons déjà parlé d’un nouveau voyage en Thaïlande pour ça. »
Si les scientifiques parviennent à trouver et élever des « microbes de pierre précieuse », les conséquences de leur travail pourraient bien servir la conquête de l’espace. Les endolithes intéressent particulièrement les astrobiologistes, qui étudient les origines de la vie et son évolution dans l’univers, car ils s’accomodent d’environnements sans doute comparables à ceux d’exoplanètes semblables à la Terre.
Après tout, vivre dans un caillou ici ou là-bas ne peut pas être bien différent.
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